Auteur: Barbery Muriel
Editions: Folio
Genre: Contemporain
Mon avis:
Deux récits parallèles, deux personnages qui se croisent, liés par leur intelligence hors norme et par une conscience exacerbée du monde qui les entoure.
L'histoire se passe de nos jours, dans un coin huppé de Paris. Le 7 rue de Grenelle est un immeuble cossu peuplé de privilégiés et d'une concierge. Une cohabitation des classes sociales... On découvre l'intérieur de certains des habitants et celui, très important de Madame Michel, la concierge.
Madame Michel, Renée de son prénom, est une concierge quinquagénaire. Elle donne l'apparence d'une femme pauvre, culturellement et économiquement. Elle cherche à se rendre transparente. Mais il ne s'agit que d'un leurre. Madame Michel est un personnage d'une rare profondeur. Elle a une richesse intérieure incroyable. C'est un plaisir de lire ses pensées. C'est une autodidacte de la réflexion. Une âme sensible, lucide et généreuse.
Paloma Josse appartient à une famille aisée et pourtant... C'est une gamine intelligente mais profondément mal dans sa peau car incomprise par sa famille. Elle nous livre un portrait sans concession de cette dernière. Elle est sévère dans ses jugements et pourtant si attachantes.
Kakuro Ozu, un vieux monsieur japonais qui en reprenant l'appartement d'un propriétaire décédé va chambouler l'ordre établi. Il est éloigné des conventions sociales. Pour lui seul l'esprit compte et non les apparences. Il a une délicatesse et une finesse qui font paraître les autres un peu balourd.
Manuela est une femme de ménage espagnole. Elle travaille au service de certains propriétaires et est amie avec Madame Michel. Décrite par Renée comme "une aristocrate du coeur". Je trouve ce qualificatif particulièrement juste. Elle a un grand coeur et une capacité de raisonnement simple mais juste.
D'autres personnages évoluent autour d'eux mais , (en dehors de Paul N'Guyen), ce qu'ils sont permets d'admirer encore plus les personnages cités ci-dessus. Même s'ils font parti des privilégies, des élites , ils apparaissent comme mesquins, petits, manipulateurs, médiocres.
Paloma au début du livre se demande quel est le sens de la vie. J'ai trouvé que ce roman y répondait. On trouve ici des individus solitaires, épris d'intelligence et de beauté, qui se croisent et se reconnaissent. La vie c'est profiter des opportunités d'être surpris, émerveillé.
Le récit est construit sur une alternance de deux points de vue, celui de Madame Michel et de Paloma. Rédiger sous forme de journaux intimes , on découvre leurs pensées profondes.
J'ai pleuré mais j'ai surtout souri et ri. J'ai beaucoup aimé la référence à Tolstoï, ainsi qu'à l'art, (même si je suis un peu hermétique à ce dernier il faut l'avouer). Le langage est soutenu mais il n'est nul besoin de se référer sans cesse au dictionnaire, le contexte suffit amplement à expliquer le sens des mots.
C'est un très beau livre, plein d'émotion.
4ème de couverture:
" Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois.Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.
Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches.
Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. "