mercredi 21 novembre 2012

Darling River de Sara Stridsberg

Nombre de pages: 332
Auteur: Stridsberg Sara
Editeur : Le livre de poche
Genre: Contemporain
Partenariat avec Livraddict et les éditions du Livre de Poche.
Concours MyBooks

Merci aux éditions du Livre de Poche pour cette lecture.

4ème de couverture:
Variation autour du thème de Lolita, Darling River survole le destin de quatre personnages : Lo, l’éternelle enfant, qui parcourt les routes avec son père à bord d’une vieille Jaguar, sous les lueurs d’incendies de forêts et à travers un paysage apocalyptique. Dolorès Haze, la Lolita de Nabokov, dont Sara Stridsberg imagine ici la fin. Une femelle chimpanzé du Jardin des Plantes, à qui un scientifique cherche à apprendre le dessin.
Et une mère qui erre, seule, sur les autoroutes entourant la ville ; peut-être celle que recherchent désespérément Lo et son père ?

Mon avis:
Cette lecture m'a fait penser à une ballade dans un brouillard épais. Je sais que je peux respirer mais à chaque pas je suffoque sure que cette bouffée d'air sera la dernière.
 Il y a une tension, une angoisse, une violence incroyable dans ce petit roman(par la taille non par le récit).

Chaque personnage semble être un écho des autres. J'ai du tenir mon esprit en brides, cherchant à les lier, les relier, les situer les uns par rapport aux autres. Mais l'auteur brouille les pistes, par un mot , un contexte, une ambiance...
J'ai eut l'impression d'être perdue et pourtant il y a des références géographiques, Paris, l'Alaska, l'Europe... Mais ces lieux décris par les personnages semblent hors réalité, tout comme l'époque. On ne sait qui à la préséance, qui cohabitent avec qui...
J'avais reproché à Lolita de Nabokov de nous parler de Dolores que du point de vue de Humbert Humbert, et donc de nous priver de sa réalité à elle. Ici ce sont les femmes qui parlent (je reviendrai plus tard sur le cas de la femelle chimpanzé, qui vivent...
Tout d'abord Dolorès de Darling river.Enfant blessé par la disparition précoce et inexpliquée d'une mère. Un père étrange, voir pervers... J'ai eut l'impression d'un monde apocalyptique. A la fois à l'extérieur et à l'intérieur. Les paysages incendiés se reflètent sur le corps taché de Dolores. La mort et la maladie sont partout. Tout est corrompu. Elle ne semble pas avoir d'âge précis, de but précis, d'existence réelle...
Ensuite Dolorès Haze, celle de Nabokov, mais pas forcément la première de ce récit. On la suit après que son beau-père, Humbert humbert, lui ait donné l'argent qui lui permet de partir pour l'Alaska avec son mari Richard. C'est plutôt une fuite qu'un voyage vers une destination. Elle apparaît comme fragile mais aussi étrangère à elle-même.Elle se fuit, elle fuit son avenir de mère, son passé.
Une mère et non LA mère. Ce pronom indéfini jette le trouble sur qui elle est. Peut être la mère d'une Dolorès, peut être une Dolorès plus vieille en fuite... Ici aussi on retrouve cette notion de fuite, de négation de soi, d'oubli. Ici aussi l'histoire est cruelle, crue, dure, sans pitié.Elle se perd dans les voyages, dans la photographie, dans le sexe.
Enfin un petit mot sur Ester la femelle chimpanzé aux prises avec un scientifique détraqué. Ici c'est lui qui parle. C'est peut être moi mais j'ai eut l'impression de me retrouver dans la trame de l'histoire du Lolita de Nabokov. C'est peut être voulu ou ce n'est peut être que mon impression. Mais ce scientifique qui cherche à modeler cette chimpanzé selon son désir, qui par son regard même la corromps, qui l'aime mal mais qui l'aime, qui va chercher avec une autre la délivrance physique, qui geint m'a fait penser à Humbert. Cette jeune femelle qui se trouve dépossédée de ce qu'elle est, de qui elle est, obligée d'endosser un rôle qui n'est pas le sien me semble être la soeur de Dolorès, des Dolorès.
L'auteur a un style prenant. Prenant parce qu'on ne s'arrête pas avant le point final. Prenant parce qu'il retourne jusqu'aux tripes, parce qu'il ne laisse pas indemne.
J'ai apprécié les répétitions au cours de la lecture, ces impressions de déjà vu. Ces "Darling", les lys, l'enfant... Autant de petites choses qui augmentent la sensation d'écho, de similitude. J'ai aimé me perdre dans cette noirceur pour une fois le livre fini retrouver un peu de lumière.
Un petit plus avec l'Encyclopédie qui émaille le récit. Des définitions bouleversantes mais tellement parlantes.

4 commentaires:

  1. je te remercie pour cet avis qui m'éclaire un peu. il est vrai que je n'ai pas le Lolita de nabokov et manque certainement de repères. J'apprécie l'écriture de l'auteur, la noirceur du récit mais me perds dans les destins qui s'entrelacent. je finis ce roman et je reviens en parler ;)

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    1. Hâte d'avoir ton avis! Par contre je pense que le fait d'avoir lu celui de Nabokov aide beaucoup à la compréhension de celui-ci! Même si je n'ai pas forcément hyper apprécié celui de Nabokov!

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  2. J'ai vu les 2 films 'lolita' adaptés du live et j'ai adoré (le plus ancien plus que le récent avec Jérémy Irons). J'avoue que même si les avis sont mitigés sur darling river, j'ai envie de le lire. D'ailleurs il est au programme tout bientôt!

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    1. Il est vraiment à lire avec le Lolita de Nabokov à l'esprit! Pour les films j'ai vu celui avec Irons et ma mémoire de poisson rouge est tel que je n'en garde aucun souvenir, désespérante!

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