545 pages
4ème de couverture:
"Si je devais ramener ma vie à un seul fait, voici ce que je dirais : j'avais sept ans quand le facteur m'a roulé sur la tête. Aucun évènement n'aura été plus formateur. Mon existence chaotique, tortueuse, mon cerveau malade et ma foi en Dieu, mes empoignades avec les joies et les peines, tout cela, d'une manière ou d'une autre, découle de cet instant où, un matin d'été, la roue arrière gauche de la jeep de la poste a écrasé ma tête d'enfant contre le gravier brûlant de la réserve apache de San Carlos"
Mon avis:
Au début du roman j'ai été gênée par le passage incessant du "Je" à "Edgar". Dans une conversation ça me déconcentre déjà, mais par écrit j'avais tendance à revenir sans cesse en arrière pour situer exactement le changement. Puis très vite j'ai compris le parti pris de l'auteur. Il s'agit d'un récit d'Edgar et il évolue avec le narrateur. D'abord son écriture est celle d'un jeune enfant, désordonnée, approximative, non linéaire, puis petit à petit il s'affirme, le recours à la troisième personne se fait plus rare et à pour but de souligner le propos. Du coup même si ce choix stylistique a suscité un certain malaise chez moi je le trouve justifié.
Le personnage d'Edgar est attachant, ce petit miraculé malchanceux. C'est assez contradictoire, car même s'il survit à des accidents mortels on n'arrive pas à se dire "quel veinard!!". Le récit est un portrait d'une société américaine où la culpabilité face à la persécution des communautés indiennes ne débouche pas sur une amélioration mais au contraire sur un durcissement des conflits et des stéréotypes.
La vie d'Edgar au pensionnat pour jeunes indiens est effarante. Tant de cruauté, d'abandon, m'ont touché. J'avais l'impression qu'il n'y avait aucun espoir. J'ai pour habitude de lire la fin du livre avant l'heure , là je n'ai pas osé j'avais trop peur. Le plus terrifiant est la réaction d'Edgar. Il n'y a pas de défaitisme, d'apitoiement sur lui. Il avance.
Le personnage secondaire mais récurrent du docteur Barry Pincklet m'a glacé le sang. Il a l'odeur du malheur, s'accrochant aux basques d'Edgar.
Art, en mentor torturé, reste une bouée de sauvetage. Il disparaît à un moment du récit mais on le sent toujours là, comme le dernier recours.
Enfin, la fin m'a bluffé. J'en aurais pleuré mais elle m'a fait sourire. Plus que miraculeuse cette histoire est incroyable! Une notion du destin qui doit être et qui sera peu importe le temps!!
Une leçon de vie, le courage et l'obstination de ce garçon force le respect.
Je viens de finir Edgar Mint et ta chronique est très juste. J'ai énormément apprécié cette histoire, des personnages attachants, d'autres terrifiants.
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